Né à Mallicolo en 1983, d’un père originaire de Lamap et d’une mère provenant de Paama, Paul Tavo grandit dans la baie de Port-Sandwich jusqu’à son départ pour la capitale en 1996 où il entreprend ses études. Cinquième d’une famille de huit enfants, Paul a fait ses études au collège de Montmartre (Efate) avant de […]

Paul-Tavo

Né à Mallicolo en 1983, d’un père originaire de Lamap et d’une mère provenant de Paama, Paul Tavo grandit dans la baie de Port-Sandwich jusqu’à son départ pour la capitale en 1996 où il entreprend ses études. Cinquième d’une famille de huit enfants, Paul a fait ses études au collège de Montmartre (Efate) avant de passer son Diplôme d’Accès aux Etudes Universitaires (DAEU) au lycée Antoine de Bougainville en 2003. Il est aujourd’hui titulaire d’un Master de Littérature comparée obtenu à l’Université d’Aix-en-Provence en 2013. Son mémoire de Master 2, Déconstruire le mythe pour la souveraineté Ma’ohi, propose une analyse des oeuvres de Chantal Spitz, Flora Devantine et de Henri Hiro.

Passionné depuis son adolescence par la littérature française et progressivement par la poésie, il est influencé par diverses lectures : Hugo, Balzac, Rousseau, Rimbaud, Verlaine, et surtout Shakespeare et Baudelaire.

Après l’obtention d’une bourse de l’Ambassade de France, il part en Nouvelle-Calédonie étudier les Lettres Modernes. Il obtient sa licence en 2006. Dès son entrée à l’université, Paul commence à rédiger ses premiers poèmes. C’est durant un échange universitaire de six mois à l’Université d’Adélaïde en Australie que l’écriture devient une véritable passion, une évidence pour décrire et cristalliser des émotions contradictoires.

En juin 2011, il participe à l’opération culturelle et scientifique Incantation au Feu des Origines et devient le premier artiste au monde à créer et déclamer un poème au bord du cratère d’un volcan en activité, le Yasur.

L’âme du kava, est son premier ouvrage paru en août 2011 aux Éditions Alliance française du Vanuatu, il compile différents poèmes écrits à des époques différentes entre 2006 et 2010. Paul Tavo, de par la dualité entre son milieu origine et son éducation francophone, aborde avec sensibilité et réalisme, les malaises d’une société post coloniale en profonde mutation. En 2015, le second ouvrage de Paul Tavo, Quand le cannibale ricane, paraît aux Éditions Alliance française. Ce premier roman est une mise en scène des interrogations d’un jeune insulaire confronté aux défis et aux injustices du monde urbain.

« Ce qui me motive ? »

C’est de dénoncer les injustices, les inégalités, les incohérences capitalistes et mondialistes dans lesquelles nous vivons déjà, c’est de pointer du doigt la lâcheté des gouvernements en général, du gouvernement vanuatais en particulier», répond Paul Tavo. «Ce qui me motive, c’est de tenter d’éveiller les consciences et les mentalités sur ce qui se passe vraiment aujourd’hui, à savoir l’incitation insidieuse à consommer encore et davantage. Mon écriture est du côté de la majorité silencieuse assidûment malmenée par les grands de ce monde et leur système liberticide. »

Pour l’auteur, « si l’écriture se définit, entre autres, comme le moyen de raconter de belles histoires, elle peut aussi bien être un moyen d’éveiller les consciences sur les périls qui nous menacent, une arme au service de la résistance, une morsure qui réveille de l’endormissement. Une fois qu’on est réveillé, on peut agir efficacement pour les bonnes choses de ce monde. L’écriture, c’est l’arme qui m’a manqué, celle que j’ai trouvé pour combattre les injustices de ce monde ». Mais ce n’est pas tout, l’écriture lui apporte aussi le moyen de chanter la beauté de la nature et celle du monde. Elle est le moyen d’extérioriser sa sensibilité, la marquer d’une empreinte. Elle lui permet de laisser une trace de son passage dans ce monde.

« Je n’ai pas choisi »

Paul Tavo est un auteur, il écrit de la poésie. « Je n’ai pas choisi. Quand j’étais au collège, je voulais déjà être poète. Plus tard, quand j’ai trouvé que les gens ne s’intéressaient pas du tout à la poésie, je me suis mis au roman. » Né à Mallicolo au Vanuatu en 1983, il a rejoint la capitale Port-Vila en 1996 pour étudier. Il a ensuite quitter son archipel pour la Nouvelle-Calédonie, l’Australie et la France, toujours pour étudier. Titulaire d’un Master 2, il a rédigé un mémoire sur le thème : déconstruire le mythe de Tahiti pour la souveraineté mä’ohi. « J’envisage maintenant de faire une thèse sur ce même sujet, mais aussi de me lancer dans la dramaturgie ».

Pour autant, il n’en n’oublie pas la poésie. « Je travaille sur un recueil de poèmes, Le bouquet d’épines. La poésie à l’intérêt, contrairement au roman, de mettre en avant la musicalité des mots pris à part ou dans leur enchaînement successif dans un vers. Le poème est un petit monde fermé sur lui-même. Petit monde par petit monde, je veux dire poème par poème on reconstruit à notre façon, dans un recueil, le monde qui nous entoure. Ce monde naît bien sûr de la sensibilité de celui qui écrit, qui crée, ce qui peut expliquer pourquoi la majorité des gens boudent la poésie, car ils la trouvent trop subjective ou trop hermétique. La particularité de la poésie, est d’être à la fois synthétique, suggestive, évocatrice, musicale, contemplative, singulière au niveau de la création de ses images, éclatantes, éblouissantes etc. La poésie est une part de nous-mêmes, c’est Shakespeare je crois qui en donne la plus belle définition : La poésie, c’est la musique du monde que nous portons en chacun de nous. Pour moi, la poésie c’est la liberté, une liberté qui s’épanouit dans la contrainte. »